Les cancers cutanés du visage et du cou : facteurs favorisants & traitements médicaux
Avec l’arrivée des beaux jours, on rêve de peaufiner son bronzage pour retrouver bonne mine. Or, malgré les multiples campagnes de prévention, on observe dans le monde, une recrudescence des cancers de la peau. Ils sont essentiellement déclenchés par l’exposition aux rayons ultraviolets (A et B) du soleil. Ce rayonnement est cancérigène car il entraîne une altération de l’ADN des cellules souches du derme qui se répliquent anormalement. Les UVA sont aussi responsables du vieillissement de la peau, les UVB.
Les parties du corps les plus concernées sont celles exposées journellement à la lumière : visage, cou, décolleté, crâne (surtout si calvitie), dos des mains, jambes chez les femmes.
Parmi les autres facteurs déclenchants, on cite : l’irradiation thérapeutique, plus rarement accidentelle, la cancérisation d’une cicatrice de brûlure ancienne, l’exposition aux vapeurs de goudrons et de bitume (travaux publics). Idem pour les marins, les agriculteurs et les professionnels de la montagne également très exposés. Outre les facteurs génétiques propres à chacun, plusieurs raisons expliquent.
- L’altération de la couche d’ozone qui augmente notablement l’irradiation UV de la Terre. Il s’avère que la quantité de coups de soleil reçus dans l’enfance a une implication directe sur la survenue de cancers à l’âge adulte.
- Le vieillissement de la population en France et en Europe avec l’allongement de la durée de vie et l’augmentation du nombre de personnes âgées. En effet, avec le temps, la peau épuise son capital soleil, c’est-à-dire la dose maximale admissible de rayonnement UV avant que n’apparaisse un cancer. Les défenses immunitaires locales diminuent avec l’âge accélérant le développement des altérations cellulaires.
- L’évolution des conditions de vie : diminution du temps de travail avec le développement des loisirs en extérieur toujours plus nombreux, destinations ensoleillées « low-cost » plus accessibles financièrement.
- Le danger du soleil vis-à-vis des phototypes clairs (peau blanche, yeux et cheveux clairs). Dans notre région, le type « celte » est représentatif. On prend des coups de soleil et on bronze peu ou mal. Je rappelle que le bronzage est un moyen de protection de la peau et non à la base destiné à « faire joli !»
D’ailleurs, les plus importantes statistiques mondiales de cancers de la peau se situent dans les pays ensoleillés peuplés d’immigrants à peau claire tels Israël et l’Australie. Le séduisant acteur australien, Hugh Jackman, multi-opéré de cancers répétés sur son nez, est luimême président d’une association de lutte contre les cancers de la peau dans son pays !
C’est essentiellement les dermatologues de ville ou les généralistes qui adressent les patients, mais parfois c’est une découverte fortuite lors de la consultation. Les tumeurs se présentent sous différents aspects : croûtes sèches persistantes qui saignent au contact et qui réapparaissent après un traitement local, lésions arrondies lisses ou irrégulières, de taille variable, brillantes en surface, parfois pigmentées ou simples plaques rosées à peine visibles à jour frisant.
Plus rarement, il s’agit de vastes lésions délabrantes cratériformes et surinfectées qu’un patient négligeant a laissé évoluer. Le diagnostic clinique est souvent conforté par une biopsie qui confirmera l’indication chirurgicale.
On distingue schématiquement 4 types histologiques :
- Les kératoses pré-épithéliomateuses sous formes de croûtes parfois difficiles à différencier d’autres lésions croûteuses nombreuses sur un patient âgé. La chirurgie préventive lèvera le doute sur ce stade initial pré cancéreux
- Les épithéliomas baso cellulaires d’évolution purement locale mais dont l’extension en surface ou la localisation peuvent compliquer l’acte chirurgical.
- Les épithéliomas spino cellulaire, plus dangereux car souvent mal limités, peuvent poser un problème de limites d’exérèse. Surtout, ils ont tendance à métastaser aux ganglions de voisinage, aggravant leur pronostic.
- Les mélanomes malins, dits « tumeurs noires », sont à part. Ce sont les plus dangereux car responsables de métastases viscérales mettant en jeu le pronostic vital. Leur traitement nécessite le plus souvent une prise en charge pluridisciplinaire (service de dermatologie du CHU) selon des protocoles associant chirurgie élargie, curage ganglionnaire et Interféron.
Concernant les épithéliomas, la chirurgie s’effectue en ambulatoire sous anesthésie locale, diazanalgésie, parfois sous anesthésie générale. D’éventuels anticoagulants auront été préalablement stoppés. En majorité, exérèse et réparation sont réalisées dans le même temps. La pièce est systématiquement envoyée en histologie. Cependant pour les lésions mal limitées, exérèse et reconstruction sont effectuées en deux temps pour ne pas risquer d’être intra lésionnel. La chirurgie est délicate dans les zones péri-orificielles : paupières et pourtour de l’oeil, région péribuccale, pointe de nez, conduit auditif.
Les techniques de réparation sont très variées avec deux règles : dissimuler au maximum les cicatrices, respecter la forme et la fonction des orifices.
Pour les petites lésions, une ablation simple en fuseau est suffisante. Pour les lésions plus importantes ou situées dans des régions à risque, on utilise des lambeaux qui transposent la peau de la région voisine. Leurs tracés extrêmement variés sont choisis en fonction de la localisation de la tumeur : lambeau naso-génien, en hachette, en ilôt dit cerf-volant, naso-frontal etc…
Plus rarement, pour reconstruire une région complète telle que la pointe du nez, on a recours à des lambeaux pédiculés nécessitant plusieurs temps opératoires ou à des greffons composites peau-cartilage (aile du nez, pavillon d’oreille). Pour les lésions planes et étendues, on pratique des greffes de peau minces prélevées au dermatome en général à la face interne du bras.
Les soins post- opératoires sont réalisés en ville avec une visite de contrôle à un mois.
Ultérieurement, une surveillance dermatologique est indispensable. On insistera enfin sur le traitement préventif de ces tumeurs cutanées :
- Exclure les séances en cabines UV toutes cancérigènes par définition : on ne se prépare pas au soleil, on s’en protège !
- En journée : pas d’exposition solaire entre 12h et 16h, écran solaire à appliquer et à renouveler régulièrement sur le corps et après les baignades, vêtements souples, casquette et lunettes de soleil. Consulter si un grain de beauté se modifie. Que ceci ne vous empêche pas cependant de passer d’excellentes vacances, le soleil étant indispensable à dose raisonnable, au bien-être mental et physique (synthèse de vitamine D)
Docteur Gilles KORB
ORL et Chirurgie plastique et esthétique de la face et du cou
Centre de Médecine EsthétiqueNantes Atlantique
Source : Le Mag
presse
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